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15 mars : Élisée Reclus

Un homme assez peu connu. Pourtant, nombreuses furent ses idées qui conservent une belle actualité. On ne peut parler de lui sans évoquer ses deux autres frères : Élie, l'ancien, mais inspirateur de la fratrie, et le benjamin : Paul. Tous les trois auront été des personnalités marquantes durant cette fin du XIXe siècle.

Mais arrêtons-nous à Élisée (1830-1905). Communard, il sera déporté en Nouvelle-Calédonie. Mais, un an après ces événements parisiens, sa peine est commuée en dix ans de bannissement. Ce fut l'occasion pour lui de trouver refuge en Suisse et aussi l'occasion de fréquenter assidûment d'autres grandes personnalités libertaires, en particulier Michel Bakounine et Pierre Kropotkine. Son ouverture d'esprit lui a permis de côtoyer et d'agir également avec d'autres militants, tel Jean Grave et le célèbre éducateur libertaire espagnol : Francisco Ferrer.

Toutefois, ce serait réducteur que délimiter de la sorte les qualités de ce bordelais. Il aura été un célèbre géographe, doublée de compétences nombreuses, particulièrement philosophique et économique. Chercheur incontournable, il reste toujours enseignée dans le cadre historiographique de la géographie sociale. Ses deux grands travaux  titanesques : "La géographie universelle" (19 volumes) et "L'Homme et la Terre" (6 vol.) forment des documents incontournables permettant d'appréhender le savoir scientifique et encyclopédique de l'écrivain.

Quoi de mieux que ce dessin en tête de la préface de son premier volume de L'Homme et la Terre ?

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Le ton est donné, l'enjeu également

Notre géographe anarchiste ne peut cacher la dimension écologique de son œuvre qui reste, encore aujourd'hui, l'une des principales caractéristiques à retenir de son œuvre, aussi diverse qu'impressionnante par sa quantité. Lire Reclus, c'est entr'ouvrir une porte à un carrousel d'ouvrages, traitant aussi bien de L'histoire d'un ruisseau, de L'histoire d'une montagne ou des Phénomènes terrestres. Mais l'inventaire mentionné ci-dessus semble bien mince au regard de celle publiée par l'encyclopédie virtuelle Wikipédia. En effet, c'est sans compter toute une floraison de mémoires scientifiques ainsi que des livres et des articles plus militants, publiés dans des revues et des journaux très divers, à commencer par ses contributions dans Le révolté ou Le cri du peuple, pour ne citer que ces deux-là. Difficile de faire le tri dans son abondante production. Si il advenait que je sois obligé de choisir un titre, sans doute prendrais-je son livre : L'évolution, la Révolution et l'Idéal anarchique (1898). De nature plus politique, Élisée Reclus pose les problèmes majeurs et toujours actuels que l'humanité se doit de résoudre. Inquiet mais réaliste, il évoque les "effrayants ressacs de la houle humaine" ou, ailleurs, cette étonnante pesanteur du milieu : "les groupes humains, engagés dans leur évolution de perpétuel « devenir » ne sont pas logiques et ne sauraient l'être, puisque les hommes diffèrent tous par leurs intérêts et leurs affections : quel est celui qui n'a pas un pied dans le camp ennemi ?" Ces brèves citations en disent longs sur son ressenti du fonctionnement humain et donc sur les freins qui pèsent sur l'évolution de l'ordre social, ordre pour lequel il aura passé toute son existence à tenter de le transformer. Ce livre fera l'objet de plusieurs rééditions chez Stock.

2.jpgCette démarche, à la fois intellectuelle et sociale, peut expliquer qu'il demandera à trente-et-un ans (en 1861), à être initié franc-maçon à la Loge parisienne Les Émules d'Hiram (GODF). On peut trouver dans sa formule "L'Anarchie est la plus haute expression de l'ordre" un lien particulièrement étroit et la justification de sa double appartenance. Mais, dira-t'il aussi : ce "progrès conscient n'est pas un fonctionnement normal de la société, un acte de croissance analogue à celui de la plante ou de l'animal"* il faut qu'il soit "un acte collectif de la volonté sociale"*. En cela et suivant ce processus d'une société sans État, l'anarchie devient, en effet, l'expression la plus haute d'un ordre sans autorité.

Je ne peux que vous inviter à lire, sinon relire ces écrits. Sans doute et comme moi apprécierez-vous à sa juste valeur cette grande personnalité que je n'hésite pas à considérer comme l'un des rares bienfaiteurs de l'humanité.

 

* in L'Homme et la Terre, vol. 6, chap. XII.

 

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